Le serious game ou jeu sérieux est apparu dans le domaine militaire il y a une quinzaine d’années.
Aujourd’hui, on le retrouve un peu partout dans notre société : dans les entreprises, sur internet, sur les réseaux sociaux, dans le domaine de la santé.
S’il est très répandu et utilisé, il n’est en revanche pas évident de définir cet oxymore.
C’est pourtant bien sur la contradiction entre les mots « jeu » et « sérieux » qui compose son nom que les définitions actuelles du serious game ont été dégagées.
Définition du serious game
Ainsi, Julian Alvarez, professeur des universités, donne la définition suivante du serious game : « Application informatique, dont l’objectif est de combiner à la fois des aspects sérieux (Serious) tels, de manière non exhaustive, l’enseignement, l’apprentissage, la communication, ou encore l’information, avec des ressorts ludiques issus du jeu vidéo (Game) » (1).
Il précise que cette association sérieux/ludique a pour but de s’écarter du simple divertissement attendu d’un jeu vidéo.
L’office Québécois de la langue française donne une définition proche de la définition universitaire précitée : « Application informatique qui combine une intention sérieuse de type pédagogique, informatif, communicationnel, idéologique ou autre, avec un environnement d’apprentissage prenant la forme d’un jeu vidéo, afin de transmettre un savoir pratique ou de sensibiliser à un enjeu social » (2).
Sur la base de ces deux définitions, il est possible d’en dégager trois caractéristiques fondamentales :
- il s’agit d’une application informatique ;
- ayant une finalité autre que le divertissement ;
- mais reposant sur un principe ludique.
Catégories de serious game
Les différentes finalités du serious game, c’est-à-dire son aspect « sérieux », est ce qui permet de distinguer leurs différents types.
Ils se répartissent en effet en de nombreuses catégories dont les principales sont les suivantes :
- Advergame : jeux sérieux à visées promotionnelles consistant à faire passer un message marketing ou communicationnel ;
- Edugame : jeux sérieux à visées éducatives. Consiste à apprendre une matière dans le domaine éducatif ou en entreprise (synonyme : edutainment) ;
- Newsgame : jeu sérieux destiné à faire passer un message d’information ;
- Exergame : jeu sérieux reposant souvent sur une logique de simulation qui a pour objectif d’entrainer le joueur à accomplir certaines tâches ;
- Socialgame : jeux dits sociaux, que l’on retrouve donc sur les réseaux sociaux et qui ont pour particularité d’intégrer le plus souvent un élément de monétisation ;
- Healthgame : jeux sérieux dédiés à la santé et à la recherche.
Naturellement les catégories de jeux sérieux précitées ne sont pas cloisonnées.
Il existe des catégories mixtes comme par exemple l’edumarketgame qui mélange des éléments de l’advergame avec ceux de l’edugame ou du newsgame.
L’objectif étant alors de faire passer un message marketing, tout en intégrant une dimension éducative ou informative.
Application informatique
Il est important de ne pas oublier que d’un point de vue technique ce type de jeu est une application informatique.
Outre que cette dimension technique fait partie intégrante de la définition du serious game, elle a également une incidence sur la définition juridique de ce dernier.
En effet, en tant qu’application informatique, cette catégorie de jeu regroupe plusieurs composants soumis à des régimes de protection par le droit de la propriété intellectuelle différents tels que :
- un code source ;
- une base de données ;
- une interface graphique.
A ces composants techniques s’ajoutent également des composants artistiques, tels que des images, des sons ou des musiques.
Dès lors, doit-on retenir une qualification juridique unitaire en retenant par exemple la qualification de logiciel au sens des articles L 112-1, 13° (1) et L 122-6 et suivants du Code de la propriété intellectuelle ou celle d’œuvre complexe comme cela a été retenue pour le jeu vidéo duquel le jeu sérieux est inspiré ?
Cette question délicate fait l’objet d’un autre billet (3).
Benoit de Roquefeuil
Arnaud Marc
Lexing Contentieux informatique
(1) J. Alvarez, « Du jeu vidéo au serious game, approches culturelle, pragmatique et formelle », Université de Toulouse, 12-2007
(2) Définition de l’Office Québécois de la langue française, 2010
(3) Lire notre Post du 18-11-2016