Le processus préindustriel de déploiement des réseaux 5G est lancé en France alors même que le remplacement des réseaux mobiles par la 4G n’est pas terminé. Cette planification intervient dans le prolongement des annonces et des présentations qui ont été faites au Mobile World Congress qui s’est tenu à Barcelone en février 2018 (1).
Ainsi, après avoir réalisé des expérimentations très localisées, les autorités françaises ont autorisé la réalisation de tests en grandeur nature, dont l’objectif est de préfigurer un déploiement national dont le calendrier très ambitieux prévoit que la France devrait commencer à être couverte à compter de 2020.
La 5G en remplacement de la 4G
Pourquoi se lancer, à nouveau serait-on tenté de dire, dans des investissements colossaux, alors même que les réseaux 4G ne sont pas encore totalement déployés et que, notamment, la couverture des zones blanches en France pose toujours des problèmes ?
La raison est évidemment d’abord industrielle. La couverture du territoire au moyen de cette technologie permet le renouvellement, non seulement des équipements déployés dans les réseaux des opérateurs mobiles, mais également le renouvellement accéléré des terminaux mobiles des clients de ces opérateurs. Tout l’écosystème des télécoms mobiles profitera donc de cette nouvelle rupture technologique.
La puissance de la 5G
La seconde raison tient aux débits considérablement plus importants que la 5G promet, par comparaison à ceux de la 4G. Or, le nerf de la guerre est clairement celui de la capacité des réseaux, qu’ils soient fixes ou mobiles, à faire face à la diversification et à la multiplication des usages.
Il n’y a qu’à constater l’accroissement considérable du nombre d’objets connectés, tant personnels qu’industriels, pour se convaincre de l’absolue nécessité de moderniser encore les réseaux et de renforcer la capacité de ceux-ci à assurer leur fonction de connectivité.
C’est dans le prolongement de l’approbation par le 3GPP, organe de normalisation des technologies mobiles (2G, 3G et 4G), le 21 décembre 2018, du premier standard relatif à la manière dont les terminaux 5G pourront communiquer avec des antennes 5G, que l’Arcep vient d’autoriser le déploiement, dans neuf villes françaises pilotes, de réseaux 5G. Ces villes sont : Lyon, Bordeaux, Nantes, Lille, Le Havre, Saint-Etienne, Douai, Montpellier et Grenoble.
Consultation publique sur la 5G
Dans le même temps, le gouvernement a ouvert une consultation publique sur la stratégie nationale qu’il conviendrait de retenir pour la 5G, pendant que l’Arcep lance un guichet pour la réalisation de ces pilotes, dont l’objectif est de permettre aux acteurs concernés par la 5G de partager leurs cas d’usage et leur vision des enjeux de la 5G.
Par exemple, selon l’Arcep :
« La mise en place de pilotes 5G doit permettre d’appréhender les modalités de cohabitation entre acteurs et de tester les modèles d’affaire : l’ensemble de la chaîne de valeur 5G doit ainsi pouvoir s’approprier en conditions réelles l’ensemble des enjeux de ces futurs réseaux, au-delà du simple cadre de validation technique des équipements de réseau.
Les opérateurs, mais aussi tous les » verticaux » (acteurs industriels, d’infrastructures à connecter, etc.) devront pouvoir être parties prenantes de ces pilotes. Aussi, le guichet » pilotes 5G » de l’Arcep est ouvert à tout acteur intéressé par la 5G et souhaitant réaliser de premiers déploiements » (2).
C’est dans ce contexte que l’Arcep a indiqué être en mesure de délivrer immédiatement des autorisations d’utilisation de fréquences, à titre transitoire, pour développer des pilotes 5G, notamment dans les deux bandes qui semblent privilégiées actuellement, à savoir la bande 3400-3800 MHz, pour laquelle des fréquences sont déjà disponibles dans les villes pilotes, mais aussi dans la bande 26 GHz qui appartient à la catégorie de bandes « millimétriques » et qui devrait permettre des débits jusque-là inédits selon l’Arcep.
Les promesses de la 5G
En effet, à croire certains commentateurs, les réseaux 5G devraient permettre des vitesses de connexion absolument étonnantes, de dix à cent fois plus rapide que celles autorisées par les réseaux 4G, avec des débits moyens de connexion assurés par les opérateurs mobiles de l’ordre de 38 mégabits par seconde en 4G tandis qu’ils seront théoriquement de 150 mégabits par seconde avec la 5G.
Les usages ne seront donc quasiment plus contraints par la question des débits, permettant un décollage vraisemblablement à grande échelle des technologies nécessaires au fonctionnement des voitures autonomes ou de celles déployées dans les applications de réalité augmentée et de réalité virtuelle.
Frédéric Forster
Lexing Constructeurs Informatique et Telecom
(1) Mobile World Congress de Barcelone en février 2018 : « Il ne faut surtout pas prendre de retard sur la 5G » Interview de Sébastien Soriano, président de l’Arcep pour Next Inpact le 15 mars 2018.
(2) « 5G, fréquences et innovation : pour préparer l’arrivée de la 5G, l’Arcep ouvre un guichet ‘’pilotes 5G’’ accessible à tous type d’acteurs » Communiqué Arcep du 16 janvier 2018.