Alain Bensoussan revient, pour Planète Robots, sur la question d’un statut juridique autonome pour la personne robot et le débat qu’elle suscite.
Pour ou contre la personne robot ?
Tout est parti d’une proposition du Parlement européen visant à accorder une «personnalité juridique» aux robots : une proposition qui trouve son origine dans un rapport de l’eurodéputée Mady Delvaux datant de début 2017 ayant abouti à une résolution du Parlement européen du 16 février 2017 sur les règles de droit civil sur la robotique.
Cette résolution pousse à la création, à terme, « d’une personnalité juridique spécifique aux robots, pour qu’au moins les robots autonomes les plus sophistiqués puissent être considérés comme des personnes électroniques responsables de réparer tout dommage causé à un tiers; il serait envisageable de considérer comme une personne électronique tout robot qui prend des décisions autonomes ou qui interagit de manière indépendante avec des tiers ».
La question d’un statut juridique autonome pour les robots divise les juristes et les scientifiques qui l’ont fait savoir à la Commission européenne en adressant une lettre ouverte sous forme de pétition.
La rupture technologique est en marche
Beaucoup craignent que ce nouveau statut ne débouche sur des revendications pour que des droits leur soient accordés ou pire, qu’il serve à dédouaner les constructeurs de leurs responsabilités.
En réalité, il ne s’agit nullement de « cloner » l’humain car dans certains domaines le robot surpasse l’humain : l’I.A. Watson d’IBM diagnostique 90 % des cancers de la langue quand les oncologues n’en repèrent que 50 %. Selon Rob High qui dirige le projet Watson, « il ne s’agit pas de répliquer l’humain » mais bien de combler ses limites notamment ses capacités de mémorisation ou de calcul. Il explique ne pas voir l’I.A. comme « une copie de l’intelligence humaine, mais comme de l’intelligence augmentée ».
La traduction juridique de ces enjeux technologiques se fait plus pressante. C’est cette rupture technologique annoncée qui a engendré le concept de personnalité robot que prône Alain Bensoussan depuis 2013.
Isabelle Pottier
Directrice Études et Publications
Alain Bensoussan pour Planète Robots, « Réflexions sur la personne robot », n°52, Juillet-août 2018.