A ce jour, un seul médicament électronique est commercialisé aux Etats-Unis. Anticiper son arrivée en France est nécessaire au vu des nombreux enjeux et problématiques qui peuvent d’ores et déjà être décelés.
La notion de médicament électronique
Un médicament électronique est un médicament associé à un capteur électronique.
Le premier médicament électronique est un comprimé connu sous le nom d’Abilify, commercialisé depuis 2002, qui, dans sa version électronique commercialisée depuis 2017, porte le nom d’Abilify MyCite.
Un capteur associé à la molécule basique envoie un message à un patch collé sur la cage thoracique du patient. L’émission du contact s’effectue grâce au contact du capteur avec les liquides présents dans l’estomac. Le patch transmet alors l’heure et la date de la prise du médicament à une application mobile afin que les patients puissent suivre cette information sur leur smartphone.
Outre la seule utilisation à destination des patients, ce médicament peut également permettre à une équipe médicale d’accéder à ces données collectées via un site internet.
Le médicament électronique est, pour l’instant, utilisé uniquement chez l’adulte comme traitement contre la schizophrénie et les troubles bipolaires.
Son but principal consiste en l’amélioration de la prise des médicaments par ces patients.
Quid de la vie privée ?
Les experts montrent déjà leur inquiétude sur ce que cette pilule pourrait signifier pour la vie privée.
En effet, il existe de nombreuses possibilités d’abus de cette technologie comme moyen de sanctionner un patient qui ne prendrait pas ses médicaments correctement.
A titre d’illustration, ce nouveau système de traçabilité pourrait largement profiter aux compagnies d’assurance.
En effet, ces dernières pourraient s’en servir pour vérifier que leurs assurés prennent bien les traitements qu’elles ont remboursé. En cas de non-respect des doses prescrites, ces données pourraient leur permettre d’augmenter les cotisations et garanties d’un patient.
Quid de la responsabilité ?
La prise d’un médicament électronique peut permettre un suivi à distance de certains malades.
Or, les défaillances constatées dans la prise de médicaments pourraient-elles engendrer une responsabilité accrue de la personne chargée de cette surveillance ?
Un patient devenant dangereux pour les autres ou pour lui-même pourrait-il engager responsabilité des équipes médicales ou celle du fabricant ?
La question, non tranchée, amènera à de vifs débats.
Quid des données personnelles ?
Les données médicales sont des données qui nécessitent une protection renforcée.
Ainsi, leur protection et les problématiques de potentiel piratage méritent d’être anticipées.
Le RGPD, entré en vigueur le 25 mai 2018, permet dès à présent de donner des réponses quant aux obligations notamment des développeurs des applications mobiles et interfaces logicielles de suivi de la prise du médicament électronique.
En effet, le règlement s’applique dès lors qu’une application de santé contient une connexion extérieure au smartphone de l’utilisateur. La responsabilité du traitement de ces données repose sur celui qui en détermine les finalités et moyens d’applications.
Les données collectées doivent, par ailleurs, par avoir des finalités déterminées, explicites et légitimes.
Un encadrement législatif nécessaire
La technologie étant très récente, celle-ci n’est pas encore totalement encadrée.
D’autres capteurs électroniques pouvant être avalés sont également en attente de validation ou en cours de développement.
Par exemple, un capteur a été mis au point par le MITpour surveiller les signes vitaux de l’intérieur du tube digestif.
Ces nouvelles technologies pourraient aider les professionnels de la santé à mieux diagnostiquer les maladies .
De nouvelles avancées pour le traitement médical pourraient voir le jour concernant la surveillance de la santé à l’intérieur même du corps humain.
Cependant, il est impératif que ces nouvelles technologies soient encadrées afin de prévenir certains abus.
Eve Renaud-Chouraqui
Sarah Rosenbach