Mieux comprendre l’impact de l’IA sur le développement des compétences : six continents ont participé à une étude menée par l’UNESCO.
Le Centre international UNESCO-UNEVOC pour l’enseignement et la formation techniques et professionnels a publié les résultats d’une importante étude (1). Elle présente les liens existant entre « IA et compétences requises » tant dans le monde du travail que dans la société.
Elle représente une synthèse de la recherche sur l’état actuel des tendances, programmes, politiques et utilisations de l’IA dans l’enseignement ; soit un large éventail d’organismes de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) sur six continents.
Mieux comprendre l’impact de l’IA
Dans un premier temps, ce document explore d’abord ce qu’est l’IA – et ce qu’elle n’est pas – à travers une brève explication des concepts fondamentaux. Comme il est indiqué, il n’existe pas de consensus universel sur une définition de l’IA. Néanmoins on s’accorde sur « la capacité d’imitation de la cognition et de la prise de décision humaines » que représente l’IA.
L’IA est un terme normalisé par l’ISO comme étant « une branche de l’informatique consacrée au développement de systèmes de traitement de données pouvant exécuter des fonctions normalement associées à l’intelligence humaine, tels que le raisonnement, l’apprentissage et l’amélioration de soi » (2).
Une chose est sûre, nous sommes de plus en plus susceptibles de rencontrer l’intelligence artificielle (IA) dans notre vie quotidienne.
Selon cette étude, 50 % des organisations dans le monde déclarent utiliser une forme d’IA dans leurs activités. Il est clair que l’IA a de vastes implications pour l’ensemble de l’humanité, et donc sur les EFTP.
Les pratiques actuelles d’enseignement et de formation en IA
Dans un deuxième temps, l’étude aborde les pratiques actuelles d’enseignement et de formation en IA mises en œuvre ou susceptibles de l’être à l’avenir pour développer des compétences techniques et professionnelles. Elle précise tout d’abord l’importance de créer un environnement propice tant au développement de l’IA qu’a l’atténuation des risques posés par l’IA. Les principaux défis sont aussi identifiés, notamment l’égalité d’accès, le biais, la protection des données et surtout la sûreté.
On constate que la plupart des documents nationaux ne comportent pas de directives éthiques mais prescrivent d’autres mesures. Parmi celles-ci figurent notamment la révision des cadres juridiques. L’autonomie décisionnelle croissante des systèmes d’IA rend en effet nécessaire une révision des cadres juridiques ; en particulier dans une situation où la prise de décision pourrait être confiée aux machines. Alain Bensoussan préconise ainsi la création d’un statut de « Personne robot » avec des droits et obligations qui lui seraient conférés (3).
Les recommandations de l’UNESCO
Enfin, le rapport formule quelques réflexions sur la voie à suivre pour aller vers une IA centrée sur l’humain mais également sur le développement durable et la gouvernance associée. L’UNESCO considère l’éthique comme étant une priorité au développement de l’IA. Il émet des recommandations pour la gouvernance de l’IA et son intégration dans les institutions d’EFTP.
L’UNESCO recommande aux gouvernements de faire de l’accès aux TIC une « priorité », et même « un droit humain ». Elle les encourage à « agir rapidement pour adopter, adapter ou développer des politiques d’éthique de l’IA et des règles juridiques correspondantes ».
Elle promeut un développement de l’IA en conformité avec des valeurs telles que dignité humaine, droits humains et libertés fondamentales.
Ces valeurs sont également celles prônées par les instances européennes. Ainsi, le Parlement européen mène des travaux qui ont abouti à l’adoption d’une proposition de règlement (4) visant à répondre aux opportunités et aux défis juridiques posés par l’intelligence artificielle, avec en filigrane l’éthique et la dignité.
Isabelle Pottier
Lexing Département Etudes et publications
Edouard Turchi
(1) UNESCO-UNEVOC, « Comprendre l’impact de l’IA sur le développement des compétences », Octobre 2021.
(2) Norme ISO 2382:2015, Technologies de l’information — Vocabulaire — Partie 28.
(3) A. Bensoussan, J. Bensoussan, « IA, Robots et Droit », Éditions Bruylant Larcier, 2019.
(4) Proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil établissant des règles harmonisées concernant l’intelligence artificielle du 21 avril 2021, COM(2021) 206 final, 2021/0106 (COD).