Dans un entretien accordé à Laurence Neuer, Journaliste au Point, Alain Bensoussan livre sa vision des robots, des algorithmes et de l’IA et explique ce que le droit doit encore inventer.
L’occasion pour Alain Bensoussan, invité du Paris Legal Makers organisé par le barreau de Paris et « Le Point » qui s’est tenu le 6 décembre à Paris, d’accorder un entretien au magazine.
Tous les robots doivent incarner des valeurs et avoir une nationalité explique l’avocat inventeur de la « personne robot » et de la « raison d’être » du robot, dont Buddy, le dernier né de Blue Frog Robotics est doté.
Il plaide pour que les voitures autonomes, qui « affichent un taux d’accident inférieur à celles conduites par des humains se voient attribuer un « permis de conduire ».
Le Point : Vous étiez l’un des intervenants de la table ronde : « Le droit face aux géants du Net : rien ne va plus ? ». Les GAFA mettent-ils selon vous en danger nos systèmes juridiques ? Pour l’avocat :
Une chose est sûre : les GAFA ne se sont pas trompés sur les besoins de la planète. Qui aurait pu prédire que Facebook attirerait un jour 2,4 milliards de personnes ? Marc Zuckerberg devrait plutôt recevoir le prix Nobel de la paix !
Le réseau social « préfigure l’ère de la « société nation », autrement dit de l’entreprise qui édicte ses propres règles du jeu à vocation humaniste et universelle. Ces « sociétés nations », par les valeurs qu’elles défendent, vont remodeler le monde numérique tout autant que les autorités nationales et supranationales agissent sur le monde physique ».
S’agissant du contrepoids de ces nouvelles « sociétés nations » et de leur tendance à s’approprier une certaine souveraineté algorithmique, Alain Bensoussan explique que
La souveraineté algorithmique est un vrai enjeu de gouvernance ; elle est d’ailleurs au cœur du projet de règlement européen sur les systèmes d’IA du 21 avril 2021.
Pour revenir aux GAFA, « les géants du web veulent certes détenir le monopole algorithmique, mais nous ne sommes qu’au tout début de la pente de l’innovation (…). Personne n’est a priori dominant à long terme dans un monde piloté par les technologies avancées où les innovations se succèdent de manière exponentielle. Et puis, le législateur conserve sa part de souveraineté en ce domaine ».
Lire la suite : « Tous les robots doivent incarner des valeurs et avoir une nationalité », entretien par Laurence Neuer, Le Point.fr, le 27 décembre 2021.