L’UFC que choisir dépose plainte contre la plateforme Temu sur la base du Digital Services Act (ci-après « DSA »). Temu est un site internet chinois en activité depuis 2003 et dédié au commerce en ligne. La plateforme compatibilise près de 75 millions d’utilisateurs mensuels au sein de l’Union européenne.
C’est la première fois qu’une association de consommateurs porte plainte devant l’Arcom au titre du DSA.
Une plainte sur la base du DSA
Plainte contre la plateforme Temu pour non-conformité avec le DSA
Le DSA est entré en vigueur le 16 novembre 2022. Ses obligations sont contraignantes depuis le 17 février 2024 pour les fournisseurs de services intermédiaires. Le DSA vise à protéger les utilisateurs en ligne contre les contenus illicites, dangereux et préjudiciables. Le règlement DSA s’applique à l’ensemble des acteurs en ligne qui fournissent des services intermédiaires dans l’Union européenne.
- Les fournisseurs de services intermédiaires sont notamment soumis :
- • à des politiques de modération de leur contenu, de leurs systèmes de recommandation et de leur publicité ;
- • à des obligations visant à protéger les droits des utilisateurs, en particulier des mineurs ;
- • au respect du devoir de diligence et de vigilance des très grandes plateformes.
Dans son communiqué de presse, l’UFC Que choisir déclare que le site chinois ne garantirait pas à ses « utilisateurs un environnement en ligne sûr, prévisible et digne de confiance ». En effet, la plateforme d’e-commerce présente de nombreuses incompatibilités avec le DSA.
Les incompatibilités invoquées au soutien de la plainte contre la plateforme Temu
Plainte contre la plateforme Temu pour non-conformité avec le DSA
La traçabilité des vendeurs professionnels est un des premiers axes de contestation de la plainte contre la plateforme Temu. En effet, la plateforme «ne fournit pas une traçabilité suffisante des professionnels qui vendent des produits sur la plateforme ». Or, les consommateurs doivent pouvoir connaitre l’identité précise des vendeurs. Cette obligation du DSA a pour but de garantir aux consommateurs d’avoir un point de contact en cas de problème. C’est notamment le cas pour une réparation ou de remboursement.
De plus, Temu est tenu d’expliquer le fonctionnement de ses systèmes de recommandations. La plateforme doit également justifier les critères de sélection pour l’affichage des produits individuels.
A cela s’ajoute qu’en ne procédant à aucune vérification d’âge, Temu ne fournit pas de haut niveau de sécurité. La plateforme ne conditionne en effet pas l’accès au service à une vérification d’âge.
En outre, l’association fait grief à Temu de manipuler les utilisateurs. La plateforme aurait recours à des techniques de « dark patterns ». Elle utiliserait en effet de faux compteurs de temps. De plus, la mention de prétendus stocks limités aurait pour objectif de créer un sentiment d’urgence.
Il convient de rappeler que le non-respect d’une obligation du DSA peut conduire à une amende allant jusqu’à 6% du chiffre d’affaires. Les plateformes pourront également voir interdire leurs activités au sein du marché européen.
Avec la collaboration de Célia Prot, stagiaire, étudiante en Master 2 Droit européen du marché et de la régulation à l’Université Paris Panthéon Assas.
Alexandra Massaux
Avocate, Directrice du département Technologies émergentes Contentieux
Alexandra Massaux
Avocate, Directrice du département Technologies émergentes Contentieux
- Phone:+33 (0)6 47 21 37 26
- Email:alexandra-massaux@lexing.law
Pour en apprendre davantage
À l'aube d'une ère où l'intelligence artificielle (IA) est en passe de devenir un compagnon quotidien...
Les intelligences artificielles génératives telles que ChatGPT constituent une révolution pour les professionnels du droit...