Interview février 2007
Interview du mois Mr Olivier Spire Président Directeur Général de QuinCadres (*) Le marché des cadres seniors : un vrai marché qui bouge ! En quoi consiste exactement l’activité de QuinCadres ? Avec QuinCadres nous avons été les précurseurs dans l’action pour le retour à l’emploi des cadres seniors. En un peu plus de dix ans, notre société est devenue un des gros acteurs du monde du recrutement avec aujourd’hui un niveau d’activité de 13 millions d’euros et 85 collaborateurs permanents. Les métiers de notre cabinet se sont un peu diversifiés pour couvrir la palette des besoins des entreprises. Nous travaillons sur trois axes, le recrutement en CDI, les missions en France et à l’international (CDD, intérim, délégation d’intervenants de notre propre équipe) et depuis peu, le portage salarial dans le cadre de la loi d’août 2005. Nous sommes spécialisés dans les cadres ayant plus de 15 ans d’expérience, dans les fonctions de direction générale, ressources humaines, finance, industrie, logistique et informatique (DSI). En ce qui concerne l’informatique, nos clients recherchent plutôt la maturité et les compétences de management, de communication et de développement que les compétences purement techniques. A quoi attribuez-vous le succès de votre développement ? Aux changements qui caractérisent notre économie actuelle et principalement à la forte pénurie de cadres que l’on constate. Nous sommes en effet sur un marché où la demande augmente en permanence du fait des départs en retraite massifs et où le taux de chômage est inférieur à 4 %. Le départ en retraite des baby-boomers, déjà commencé, va s’étaler sur de longues années. Des pénuries en cadres sont donc en train de naître dans différents secteurs et métiers, environ 30 à 35 000 cadres par an dans la prochaine décennie. L’année prochaine nous pensons que nous passerons le cap des 15 millions d’euros. Peut-on parler de « marché » à propos des cadres « seniors » ? Le marché des « cadres » du privé est aujourd’hui composé d’un peu moins de 3.000.000 de personnes, dont 110 000 environ en recherche active d’emploi, dont la moitié a plus de 45 ans. Notre société gère 50 000 dossiers de candidats cadres seniors. Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que la moitié de nos candidats sont en poste et s’adressent à nous pour changer. Cela montre que le marché des cadres seniors est un marché à part entière, c’est-à-dire un marché qui bouge. Avec la pénurie de cadres, quels que soient les métiers et les domaines, les mentalités concernant les seniors évoluent très rapidement de manière positive. Aujourd’hui, les entreprises ont besoin des cadres seniors. C’est cette évolution économique qui leur est favorable. Après 40 ans de préretraites, le départ en retraite des baby-boomers amène donc les cadres seniors à revenir rapidement sur la scène de l’emploi. Quelles tendances voyez-vous dans ce secteur ? Aujourd’hui, le monde des cadres est entré en pénurie et les entreprises ne peuvent plus se passer des seniors qui reviennent donc naturellement dans les circuits de l’emploi, appelés par les entreprises. Ils passent systématiquement par la case « mission » mais vont aller de plus en plus vers la case « CDI » car on ne peut pas indéfiniment palier les recrutements de cadres plus jeunes par des missions de cadres seniors. Cette situation conduit aussi les entreprises à s’occuper des cadres seniors qui sont déjà dans leurs effectifs : les accompagnements et la formation après 40 ans, deviennent indispensables. L’autre grande tendance, chez les non cadres celle-là, est que l’option de faire travailler les personnes plus tard ne pourra prospérer tant qu’il y aura autant de chômage dans cette catégorie de population et donc peu d’incitation à rester dans l’emploi plus tardivement. (*)www.quincadres.fr Interview réalisée par Isabelle Pottier, avocat. Parue dans la JTIT n°61/2007