Interview du mois
Jean-Pierre Bigot (*) |
Un outil permettant d’objectiver l’évaluation d’un logiciel
Quelles sont les nouveautés de votre outil d’évaluation logiciel depuis l’année dernière ?
Les nouveautés résident essentiellement dans la diversité des usages que permet notre outil d’évaluation. Conçus au départ essentiellement comme un outil d’évaluation judiciaire permettant d’objectiver les conflits, son usage s‘est étendu aux évaluations comptables et fiscales. Ainsi, lors de la constitution d’une société, il permet de fournir à un commissaire aux apports une évaluation objective de la valeur d’un logiciel apporté. De même, il permet d’exposer aux services fiscaux, la justification du montant d’une cession intra groupe d’un logiciel ou d’une licence. Notre outils et la méthode sur laquelle il repose, offrent en effet des éléments tangibles d’évaluation des actifs immatériels que constituent les logiciels. L’idée étant à chaque fois, d’objectiver un montant, en l’occurrence on est dans le cas d’un prix de reconstitution que l’on peut éventuellement confronter à d’autres approches d’évaluations comme celle du coût historique. On peut aussi y recourir à des fins stratégiques pour connaître par exemple, la valeur du patrimoine immatériel d’une entreprise avant son acquisition ou une participation dans son capital.
Pouvez-vous nous rappeler brièvement sur quoi repose cet outil d’évaluation ?
Le modèle d’évaluation OSAM (Objective Software Appraisal Model) développé par Esalab est issu de notre expérience dans l’évaluation et l’analyse des logiciels, notamment dans le cadre d’expertises judiciaires. Il s’agit d’une technologie innovante qui se fonde sur un outil original d’analyse permettant d’inventorier les logiciels et d’en effectuer des comptages précis et pertinents par une analyse sémantique des codes et de leurs structures. Cette approche scientifique permet de construire l’évaluation sur un socle de données objectives, systématiques et reproductibles. Les logiciels évalués, bien que constituant des biens « immatériels », acquièrent du fait de ces recensements exhaustifs, une consistance tangible qui les rapproche de tout autre investissement. Le modèle d’évaluation OSAM se fonde sur des méthodes statistiques reconnues associées à des processus d’analyse de langage et de comptages sans équivalents, conçus par Esalab en collaboration avec un laboratoire de recherches universitaires en informatique. Le modèle propose donc une approche par le coût de reconstitution du logiciel. En complément, le laboratoire d’analyse informatique est en mesure d’estimer les logiciels selon d’autres approches, notamment par les revenus : les valeurs de rentabilité établies sur le bénéfice « affectable », sur les bénéfices futurs ou sur le cash-flow actualisé. Notre méthode s’appuie sur un modèle « technique » de comptage, mais également sur un modèle « économique ». Une fois l’effort « brut » du développement d’un logiciel obtenu, il faut en effet estimer les autres postes d’efforts, par exemple ceux de conception en amont, ou de maintenance, selon des cotas dépendant notamment, du type de projet, de sa complexité ou de son degré d’innovation. Il convient ensuite d’en déduire une valeur actualisée.
Quelles sont les perspectives qui s’ouvrent aux entreprises ?
Ce type d’évaluation est certes, un investissement permettant aux entreprises de connaître la valeur de leur patrimoine immatériel. Mais cela peut devenir un outils de gestion. Jusqu’à présent, les entreprises prenaient en compte dans la gestion financière de leurs actifs immatériels principalement les brevets. Aujourd’hui, elles tendent à prendre également en considération les logiciels dans la comptabilisation de leurs actifs.
Interview réalisée par Isabelle Pottier, avocat.
Parue dans la JTIT n°69/2007