Frédéric Forster décrypte pour E.D.I. Magazine les enjeux que pose la mise à disposition d’outils prédictifs au service de la justice et de ses acteurs.
Comme l’explique Frédéric Forster, directeur du Département Télécoms du Cabinet Lexing Alain Bensoussan Avocats dans sa dernière contribution au magazine E.D.I., « Depuis quelques mois, la planète des professions du droit bruisse de toute part : l’intelligence artificielle serait en train de s’immiscer dans les palais de justice et dans les cabinets d’avocats, au point de faire craindre que les robots remplacent les êtres humains dans cet exercice très délicat qui consiste à rendre la justice ».
Or, selon lui, il ne s’agit évidemment pas de cela : « En réalité, ce dont il est question c’est de systèmes logiciels prévus pour prévoir l’orientation que pourrait prendre une décision de justice, et non de rendre la justice elle-même au moyen de ces systèmes.
Techniquement, ces systèmes ont pour objectif de déterminer, principalement à partir de la jurisprudence, les probabilités de chances de succès et d’échecs d’un litige particulier.
Ils permettent, par ailleurs, d’intégrer dans ce calcul la prévision du montant potentiel des demandes et des condamnations associées, l’évolution de ces grandeurs quantitatives en fonction des paramètres du litige ainsi que la répartition des résultats en fonction de critères géographiques.
Vers une justice rendue par les robots
Il s’agit donc d’utiliser les statistiques et les probabilités pour prévoir un résultat avec un niveau de certitude les plus grand possible, le tout, bien en amont du jugement qui sera effectivement rendu.
Même si la valeur ajoutée humaine reste encore irremplaçable, ces outils sont une aide incontournable à la décision avec, à l’arrivée, un impact potentiel pour les justiciables et une prévisibilité accrue dans le cadre de l’accès au droit.
Ainsi, avec la généralisation de l’intelligence artificielle, la façon de travailler des professionnels du droit et auxiliaires de justice va se trouver fortement impactée par la robotisation et l’automatisation de tâches.
Quant au juge, selon Frédéric Forster, « à côté d’algorithmes prédictifs qui resteront nécessairement cantonnés au rôle d’outils préparatoires d’aide complémentaire à la prise de décision, il conservera un rôle irremplaçable ».
F. Forster, « Vers une justice rendue par les robots » : Dossier spécial « Préparez l’avenir avec les technologies du futur » , E.D.I. Magazine n°76, mars 2018, p.84.