La technologie blockchain (ou « chaîne de blocs » en français) reste encore inconnue du grand public français (1).
Souvent associée à la crypto-monnaie comme le bitcoin ou Dogecoin, la technologie blockchain peut revêtir d’autres types d’application et certains y voient déjà une révolution.
Une blockchain se définit comme une technologie de stockage numérique décentralisée, sécurisée et induisant un coût de transmission minime. Il s’agit d’une base de données ou registre regroupant la liste de tous les échanges effectués entre les utilisateurs de la blockchain depuis sa création.
L’intérêt de la blockchain réside dans l’aspect décentralisé de la base de données qui est stockée sur les différents serveurs des utilisateurs et fonctionne sans intermédiaire ce qui limite les frais d’infrastructure. Cette base de données que beaucoup comparent à un grand livre comptable – public et partagé – contient un historique infalsifiable des transactions qui est mis à jour en temps réel par les utilisateurs. Les utilisateurs valident chaque transaction et vérifient la cohérence de celle-ci grâce au registre.
Pourquoi infalsifiable ? C’est très simple, pour hacker ou manipuler cette base de données il faudrait avoir accès au même moment et pouvoir modifier simultanément des milliers de bases de données hébergées sur les serveurs des utilisateurs. Techniquement, il s’agit d’une prouesse impossible.
Dans le domaine monétaire, les utilisateurs directement (et non pas un administrateur) valident chaque transaction grâce à un processus permettant d’empêcher toute tentative de manipulation : ils sont amenés à vérifier que l’expéditeur est bien propriétaire de ce qui est envoyé. Suite à quoi sont créés des groupes de transactions validés et inscrits dans la base de données sous la forme d’une chaine de blocs inaltérables ou blockchain.
D’autres domaines s’intéressent de près aux possibilités offertes par la blockchain. La société Orange Digital Ventures a participé, aux côtés de Visa et Nasdaq, dans la levée de fonds de 30 millions de dollars réalisée par la start-up Chain qui propose à ses clients d’exploiter le principe de décentralisation et d’anonymat pour d’autres types de transactions que le Bitcoin.
Concrètement, la blockchain est d’ores et déjà utilisée pour lutter contre les faux diplômes. Ainsi, la start-up Bitproof a créé des clés cryptographiques chacune reliée à un unique diplôme universitaire, ainsi les recruteurs peuvent vérifier la validité des documents soumis via une blockchain en recherchant les clés cryptées uniques encodées dans le diplôme.
Certains imaginent la technologie blockchain appliquée aux données de santé qui sont des données particulièrement sensibles. La technologie blockchain permettrait d’en sécuriser l’usage. La blockchain est également envisagée pour sécuriser le vote à distance.
Le Word Economic Forum a même consacré la technologie blockchain comme une “Méga Trend” (« tendance majeure ») et l’on peut comprendre qu’il faille suivre de près cette technologie qui permet de gagner en sécurité, traçabilité, rapidité et coût pour différents types de transactions.
L’aspect légal et juridique des blockchains risquent donc de se dessiner progressivement. Compte-tenu des enjeux économiques et de souveraineté liés à une telle technologie, il est fondamental que la France s’empare de cette nouvelle tendance.
Marie Soulez
Clémence Delebarre
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(1) Site blockchainfrance.net.