Le caractère non humain des chatbots, parfois pointé du doigt, présente des avantages en matière de signalement d’abus.
Les chatbots : le nouveau visage du signalement d’abus ?
Le caractère non humain des chatbots, parfois pointé du doigt, présente des avantages en matière de signalement d’abus.
Le signalement d’abus dans les entreprises passe par les chatbots ? C’est en tout cas une piste à explorer au vu de la récente création par une start-up d’un chatbot, Spot, destiné à recevoir les plaintes des salariés en matière d’agression sexuelle.
L’objectif de ce chatbot est donc original puisqu’il vise à détecter des comportements au sein d’une entreprise susceptibles de recouvrir la qualification d’harcèlement sexuel, sanctionnée par l’article 222-33 du Code pénal.
Le signalement d’abus, une nouvelle fonction des chatbots
En réalité, cette nouvelle utilisation du chatbot, différente de sa fonction habituelle de gestion de la relation client, s’inscrit dans le cadre des obligations mises à la charge de l’employeur en matière d’harcèlement sexuel, au titre de l’article L.1153-5 du Code du travail qui impose à l’employeur :
« L’employeur prend toutes dispositions nécessaires en vue de prévenir les faits de harcèlement sexuel, d’y mettre un terme et de les sanctionner ».
L’avantage des chatbots
Pour un salarié, rapporter à une personne ayant l’autorité nécessaire, des faits de nature à constituer un harcèlement sexuel peut s’avérer difficile :
- la personne peut porter un jugement, consciemment ou non, au regard de son sentiment sur la victime, de ses relations avec le présumé auteur ou encore de son propre vécu ;
- la personne n’a pas nécessairement la compétence pour qualifier les faits ou même pour poser les questions adéquates.
Tel n’est pas le cas d’un chatbot qui peut donc remplir la fonction de signalement d’abus au sein d’une entreprise.
En réalité, ce qui fait la force du chatbot Spot c’est le fait d’être perçu comme un robot. Les personnes peuvent ainsi se confier plus facilement, sans peur d’un jugement.
Il est d’ailleurs assez paradoxal d’imaginer que le fait que le chatbot soit perçu comme un robot puisse être un avantage. C’est très éloigné du principe initial du chatbot : converser avec un humain comme un humain.
Mais dans cette fonction précise de signalement d’abus, il s’agit à n’en pas douter d’un atout qui devrait permettre aux entreprises d’améliorer les informations collectées qui peuvent l’être par ailleurs de manière anonyme. Un tel type de chatbot pourrait être amené à connaître un développement plus large que le harcèlement sexuel au travail. On peut par exemple penser au harcèlement en milieu scolaire.
Marie-Adélaïde de Montlivault-Jacquot
Thomas Noël
Lexing Contentieux informatique
(1) « Spot, un chatbot pour parler de harcèlement sexuel au travail » par Emmanuel Ghesquier, Presse-citron.net, 5 mars 2018.