En mars 2020, l’ANSSI a publié un guide intitulé « sécurité numérique des collectivités territoriales : l’essentiel de la réglementation ». Au sein de ce guide, une fiche de recommandation est consacrée au respect des règles de sécurité lors de l’ouverture d’un téléservice. L’objectif de cette fiche est d’expliciter les obligations mises à la charge des collectivités territoriales, et notamment les mairies, par le RGS dans le cadre de l’ouverture d’un téléservice. La méthodologie mise en place par le RGS s’appuie sur deux piliers : l’approche par les risques et l’amélioration continue. Elle reprend la démarche « plan/do/check/act » proposée notamment par bon nombre de normes ISO.
L’analyse de risques de sécurité
Dès le départ du projet de mise en place d’un téléservice, la collectivité territoriale concernée doit délimiter les contours de ce dernier et procéder à une analyse des risques de sécurité. Elle doit à cette occasion identifier l’écosystème dans lequel évolue le système d’information, le contexte dans lequel il s’inscrit ainsi que les menaces pesant sur la collectivité territoriale. Sur la base de ce constat, elle doit ensuite analyser la vraisemblance, les conséquences ainsi que la criticité de la survenance d’éventuels incidents de sécurité.
A partir de cette analyse, la collectivité territoriale propose un plan d’action ayant pour objet la mise en œuvre de mesures de sécurité (organisationnelles, techniques et/ou contractuelles).
Les objectifs de sécurité
A l’issue de l’analyse de risque, la collectivité territoriale définit des objectifs de sécurité qui doivent couvrir, au minimum les principaux critères de sécurité que sont la disponibilité, l’intégrité et la confidentialité.
La collectivité pourra par exemple définir une politique de sécurité du système d’information, mettre en œuvre un système de journalisation des événements et/ou mettre en place un procédé de signature électronique.
La mise en œuvre des mesures de sécurité
À l’issue de la réalisation de l’analyse de risque, la collectivité territoriale doit mettre en œuvre les mesures de sécurité adéquates pour atteindre les objectifs de sécurité définis. Il existe 4 catégories de mesures à mettre en place :
- la gouvernance de la sécurité (mise en place d’une politique de sécurité du système d’information, mise en place de responsabilités ou de processus dans le cadre de la gestion de la sécurité…) ;
- la protection des systèmes d’information (mise en place de mesures de sécurité préventives) ;
- la défense des systèmes d’information (mise en place d’un processus de gestion des incidents de sécurité par exemple) ;
- la résilience des systèmes d’information (mise en place d’un plan de continuité d’activité par exemple).
Un guide d’hygiène informatique a été publié par l’ANSSI, afin d’aider notamment les collectivités territoriales à s’assurer qu’aucune thématique liée à la sécurité n’a été omise lors de la mise en œuvre du système d’information.
L’homologation de sécurité du système d’information
Préalablement à la mise en place de tout téléservice, le RGS impose aux collectivités territoriales d’homologuer le téléservice. La décision d’homologation atteste, au nom de la collectivité territoriale, le niveau de protection du téléservice et la maîtrise des risques en termes de sécurité.
Cette décision rendue sur la base de l’analyse d’un dossier d’homologation, doit être accessible aux usagers du téléservice. La décision d’homologation est prononcée pour 5 ans maximum et doit faire l’objet d’une révision à l’expiration de cette durée. Afin d’aider les collectivités territoriales et notamment les mairies dans leur démarche d’homologation, l’ANSSI a publié un guide d’homologation en 9 étapes.
Le suivi opérationnel de la sécurité du système d’information
Enfin, la conformité au RGS impose à la collectivité de mettre en œuvre des dispositifs de surveillance et de détection ; et ce, afin de pouvoir réagir au plus tôt aux incidents de sécurité. Ces dispositifs devront s’accompagner d’audits du système d’information réalisés à intervalles réguliers ; les rapports de ces audits étant notamment des éléments composant le dossier d’homologation.
Sur la base des rapports d’audit et des cas de non-conformité relevés, la collectivité devra en identifier les causes. Elle devra aussi mettre en œuvre un plan d’actions préventives et correctives.
Téléservice et sécurité mais aussi… RGPD
Ces impératifs d’analyse de risque et de sécurité sont en parfaite adéquation avec les exigences de la réglementation applicable. Cette dernière impose de mettre en place des mesures de sécurité adaptées aux risques présentés par les traitements.
Par le biais de leurs téléservices, les collectivités territoriales collectent de nombreuses données personnelles concernant leurs usagers. Un certain nombre d’interconnexions avec d’autres applications ou services peuvent présenter des risques. Un encadrement juridique et technique est alors nécessaire.
Une analyse d’impact (nouvelle obligation issue du RGPD) peut parfois s’avérer nécessaire. Ce type d’exercice poursuit une démarche similaire de gestion des risques (pour les droits et libertés des personnes concernées).
Enfin, il convient de respecter l’ensemble des exigences de la réglementation Informatique et libertés, à savoir, les principes de :
- finalité,
- transparence,
- loyauté,
- licéité,
- minimisation.
… sans oublier l’information des personnes concernées et les durées de conservation des données.
Anne Renard
Louis Montecot Grall
Lexing département conformité et certification