« Il faut construire un droit spécifique aux robots » telle est, en substance, la réponse d’Alain Bensoussan à Laurence Neuer pour sa chronique « Mon petit droit m’a dit » que la journaliste et docteur en droit tient sur LePoint.fr. « Qui, de l’homme ou du robot, aura le dernier mot en cas de conflit d’autorité ? ». Selon lui, c’est la question essentielle.
Va-t-on vers une reconnaissance de la « personne robot », ce concept imaginé, il y a deux ans, par Alain Bensoussan ?
Construire un droit spécifique aux robots : morceaux choisis
Le Point : Accorder la citoyenneté à un robot est-il un acte seulement symbolique ? Qu’est-ce que cela implique juridiquement ?
Alain Bensoussan : Cela veut dire que ce robot va devoir respecter les codes juridiques, éthiques et culturels du pays (…)
LP : La « personne robot » que vous avez imaginée il y a deux ans est donc une « espèce » singulière qui échappe aux radars du droit et n’entre dans aucune des catégories juridiques traditionnelles ?
AB : Je suis heureux de voir que, deux ans après, cette question nourrit le débat. Cela montre qu’il y a une véritable prise de conscience de la singularité du robot, qui n’est ni un « objet plus » ni un « humain moins » et qui n’est pas non plus comparable à un animal. Le robot n’est pas un humain, il est lui ! (…)
Les humains sont des personnes, mais toutes les personnes ne sont pas des humains.
LP : Encore faut-il qu’elle voie le jour ! De l’autre côté de la barre, certains plaident contre la « personne robot ». Quels sont leurs arguments ?
AB : Ils pensent que le droit a suffisamment de plasticité pour répondre aux problématiques posées par les robots. Cela est faux, à mon sens, les droits construits pour les objets (ou biens meubles) et les humains sont inappropriés (…)
LP : Quel droit peut-on bâtir pour cette nouvelle espèce de « personnes » ?
AB : Il faut construire un droit spécifique aux robots (…)
Ce que j’appelle la robohumanité va engendrer une nouvelle civilisation. Une civilisation menacée par l’esclavagisme technologique.
LP : Comment la « personne robot » va-t-elle, juridiquement, coexister avec la personne humaine ? Autrement dit, qui aura le dernier mot en cas de conflit d’autorité ?
AB : C’est la question essentielle : celle de savoir à qui appartiendra la décision en dernier ressort. À l’homme ou au robot ? (…)
LP : « Oser la personnalité robot », comme vous le défendez, n’est-ce pas ouvrir la porte à une humanisation du robot et, symétriquement, à une robotisation de l’espèce humaine ?
AB : Ce que j’appelle la « robohumanité » va engendrer une nouvelle civilisation, une civilisation menacée par l’esclavagisme technologique (…)
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« Alain Bensoussan, Il faut construire un droit spécifique aux robots », entretien par Laurence Neuer, LePoint.fr, 20-11-2017.