Alors que la 5G a été inaugurée en Corée du Sud et aux États-Unis, où en est la France dans le déploiement de ses réseaux ?
Rappelons que le processus préindustriel de déploiement des réseaux 5G a été lancé en France en 2018, dans le prolongement des annonces et des présentations qui ont été faites à Barcelone l’année dernière lors du Mobile World Congress.
Ainsi, après avoir réalisé des expérimentations très localisées, les autorités françaises ont autorisé la réalisation de tests en grandeur nature, dont l’objectif est de préfigurer un déploiement national dont le calendrier prévoit que la France devrait commencer à être couverte à compter de 2020.
C’est dans ce cadre, qu’après l’ouverture par le gouvernement d’une consultation publique sur la stratégie nationale qu’il conviendrait de retenir pour la 5G, l’Arcep lançait un guichet pour la réalisation de pilotes, dont l’objectif était de permettre aux acteurs concernés par la 5G de partager leurs cas d’usage et leur vision des enjeux de la 5G.
Où en est-on à cette date ?
Les premières autorisations d’expérimentations de la 5G ont été accordées en février 2018 (Lille, Douai, Bordeaux et Lyon) puis étendues au début de l’été 2018 aux villes de Marseille, Nantes, Toulouse et en Ile-de-France, pour un total de 14 expérimentations.
Les consultations publiques pour la libération des fréquences nécessaires au déploiement des futurs réseaux 5G ont été lancées en mai et pendant l’été 2018. Une consultation sur l’attribution des bandes de fréquences a, quant à elle, été lancée en octobre 2018.
La gouvernance de ces expérimentations n’a pas été oubliée, puisque, après avoir ouvert son guichet des « pilotes 5G », en janvier 2018, un comité prospectif sur les réseaux du futur a été mis en place en septembre 2018 et ses travaux ont débuté en octobre dernier.
Les acteurs du transport, particulièrement concernés par les promesses de la 5G (1), ont été sollicités par l’Arcep et par le gouvernement dans le cadre d’un échange qui leur était consacré en décembre 2018.
L’année 2019 n’a pas été en reste puisque le mois de janvier a été marqué par le lancement d’un guichet pour les plateformes ouvertes d’expérimentations de la 5G dans la bande des 26 GHz.
Le reste à faire est cependant encore important. Sont ainsi prévus, d’ici au mois de juin 2019 :
- de nouveaux échanges impliquant l’Arcep et le gouvernement avec d’autres usagers industriels de la 5G ;
- une seconde consultation publique pour l’appel à candidature pour l’attribution des fréquences ;
- la définition des modalités d’attribution de ces fréquences ;
- le lancement des appels à candidatures pour l’attribution de ces fréquences.
Quid du calendrier européen ?
Les objectifs de déploiement arrêtés au niveau européen, prévoient une ouverture commerciale des services 5G en 2020 et une couverture en 5G des principales zones urbaines et des axes de transport en 2025.
Le calendrier français s’inscrit dans cette perspective et le plan de route arrêté par l’Arcep semble se déployer correctement, de sorte à ce que la France puisse être en mesure d’annoncer les premiers déploiements de réseaux dès 2020.
Reste que le calendrier européen prévoit une ouverture commerciale des services dès l’année prochaine et pas seulement le déploiement des réseaux à cette date.
Or, l’expérience montre qu’il y a souvent bien loin entre le début des déploiements techniques et l’ouverture commerciale des services qui nécessitent, notamment, une bonne disponibilité des terminaux mobiles, la capacité à offrir des services, fonctionnels, à la hauteur de l’innovation promise et l’adhésion des utilisateurs finals.
Gageons que les premières ouvertures de réseaux à l’étranger donneront le la et permettront de créer les conditions favorables aux lancements européens, tant la promesse est belle, sur le papier, et demande -voire mérite -d’être confirmée par la pratique.
Frédéric Forster
Lexing Télécoms et Droit
(1) F. Forster, « La 5G technologie de rupture ou simple nouveau réseau ? », post du 16-05-2017.