Données personnelles – Alain Bensoussan répond aux questions de Bruno Texier pour la revue Archimag à l’occasion de la parution du Code métier « Informatique, fichiers et libertés » aux Éditions Larcier en octobre 2014.
Dans ce livre, il prône le droit pour chacun d’entre nous d’être « l’archiviste de son passé », mais le droit évolue-t-il aujourd’hui dans ce sens ? Aujourd’hui, non, c’est pourquoi il appelle de ses vœux une obligation pour ceux qui détiennent nos données personnelles de les mettre automatiquement dans l’équivalent d’une Dropbox ou chacun disposerait de ses archives personnelles. Il souhaite le droit à la copie informationnelle. Chacun d’entre nous doit en effet pouvoir être le conservateur de son passé.
Selon Alain Bensoussan, chacun va devenir » le trader de ses propres données » en vue de leur exploitation commerciale. Ce mouvement est en marche, il est irréversible et il est universel, car il est fondé sur un droit naturel. Les droits naturels naissent toujours avant les droits légaux. Nous créons tous des millions d’informations au cours de notre vie et chacun d’entre nous est propriétaire de ses données personnelles y compris pour en faire une exploitation commerciale. Nul ne peut dire le contraire. Certains s’y opposent à travers des raisonnements que l’on peut entendre. Mais les biens informationnels ont une particularité : ils sont indéfiniment reproductible. Ceux qui prétendent que nous aliénons nos propres données se trompent : je garde mes données même si je les donne ! Il n’y a pas de « mutilation informationnelle ».
Par ailleurs, le droit est infra-moral et supra-économique : ces informations ont une valeur économique. Je ne crois pas à une morale qui empêchera le marché de faire de chacun d’entre nous un vendeur de ses données à caractère personnel. Je crois, au contraire, à l’émergence de ce marché.
Interview Alain Bensoussan, « Je crois à l’émergence d’un marché des données personnelles » Archimag n°279, Novembre 2014.