Frédéric Forster évoque pour E.D.I. Magazine l’impact de l’ IoT domestique sur le droit à l’intimité et à la vie privée.
Assistants personnels, enceintes intelligentes, aspirateurs robots, jouets connectés : les fêtes de fin d’année auront marqué l’arrivée en force dans notre quotidien domestique de ces « smart objects » dotés d’intelligence artificielle. Des produits qui, à l’heure de l’hyperconnexion, interpellent sur le terrain du droit à l’intimité et de la protection et de la vie privée.
Autant d’enjeux évoqués par Frédéric Forster, directeur du Pôle Télécoms du cabinet Lexing Alain Bensoussan Avocats, dans la chronique qu’il tient dans le Magazine E.D.I. (1) à travers des décisions et communications récentes – et emblématiques – de la Cnil.
IoT domestique : jouets connectés
A quelques jours de Noël, la Cnil s’était, comme le rappelle Frédéric Forster, prononcée sur deux jouets connectés (2) : un robot « I-QUE » et une poupée « My Friend Cayla ».
Le point commun de ces deux jouets conçus par le même fabricant ? Ils répondent aux questions posées par les enfants sur divers sujets tels que des calculs mathématiques ou encore la météo.
Des jouets équipés d’un microphone et d’un haut-parleur, associés à une application mobile téléchargeable sur mobile ou tablette.
Plusieurs manquements à loi Informatique et libertés ont été constatés dont notamment le non-respect de la vie privée des personnes en raison d’un défaut de sécurité.
IoT domestique : enceintes intelligentes
D’abord déployés sur les téléphones, puis les enceintes ou les casques audio, les assistants à commande vocale sont amenés à progressivement s’intégrer dans l’habitacle des véhicules, à l’intérieur d’un robot domestique et même sur le lieu de travail.
A la veille de noël, la Cnil s’est également prononcée sur ces assistants vocaux à propos d’enceintes intelligentes connectés à la vie privée de ses utilisateurs, qui ont fait fureur lors des dernières fêtes de fin d’année comme le démontre le succès foudroyant des Google Home et Amazon Echo, rappelant les enjeux que pose cette technologie au regard de la vie privée des utilisateurs (3).
Assistants vocaux connectés : quelques règles de bon sens
D’où les conseils que la Cnil rappelle dans sa communication concernant plus généralement les assistants vocaux :
- Chaque utilisateur doit intégrer que même si « la parole s’envole », ses requêtes vocales sont enregistrées dans le cloud, de la même manière qu’elles le seraient s’il les tapait au clavier dans certains moteurs de recherche ;
- Un point de vigilance qui s’ajoute aux diverses interrogations auxquelles les consommateurs seront peut-être un jour confrontés en tant qu’utilisateur, notamment sur la confidentialité des échanges : ainsi, en veille permanente, ces assistants sont susceptibles d’enregistrer vos conversations, y compris celles de tiers lorsqu’ils ont reconnu le mot clé.
Et l’autorité régulatrice de rappeler quelques règles de bon sens :
- Ne connecter que des services qui présentent réellement une utilité, tout en considérant les risques à partager des données intimes ou des fonctionnalités sensibles ;
- Etre vigilant sur le fait que les propos tenus face à l’appareil peuvent enrichir son propre profil publicitaire ;
- Ne pas hésiter à contacter les services supports en cas de questions et, le cas échéant, la CNIL.
- Se rendre régulièrement sur le tableau de bord des objets connectés pour supprimer l’historique des conversations/questions posées et personnaliser l’outil selon ses besoins.
Eric Bonnet
Directeur du Département Communication juridique
(1) F. Forster, « Comment les objets connectés influent sur la vie privée », E.D.I. n°75, février 2018, p. 48.
(2) Décision de la Cnil n° MED-2017-073 du 20-11-2017 de mise en demeure, communiqué de la Cnil du 4-12-2017.
(3) Enceintes intelligentes : des assistants vocaux connectés à votre vie privée.