Alain Bensoussan analyse, dans une interview accordée à la Gazette du Palais, l’impact des IA génératives sur le monde du droit. À ses yeux, dans le cadre de ce qu’il nomme la « cobotique juridique » (1), l’utilisation d’une telle IA générative comme ChatGPT ne conduit pas à remplacer le spécialiste. Elle complète l’expertise humaine.
La cobotique juridique est le marqueur de la 3ème révolution digitale dans le monde du droit. Après la révolution informatique et la révolution internet.
Avec l’avènement de la cobotique juridique les réalisations des prestations juridiques assistées par ordinateur sont supplantées par des productions opérées par des machines-outils virtuelles. Lesquelles sont assistées par des humains sous forme d’invites.
Loin de remplacer le spécialiste, l’utilisation de ChatGPT complète l’expertise humaine. Son utilisation nécessite une collaboration étroite entre compétences humaines et outils virtuels. Elle est un complément précieux pour les professionnels du droit. Mais aussi les étudiants et les chercheurs.
La cobotique juridique pour les professionnels du droit
Dans l’interview qu’il a accordée à Cholé Enkaoua pour la Gazette du Palais du 14 novembre 2023 en marge de la 2e édition du Paris Legal Makers, Alain Bensoussan souligne qu’une parfaite maîtrise de l’outil permet d’en percevoir « les erreurs et les limites ». Ainsi, un avocat pourra facilement « obtenir un brouillon utilisable et atteindre le seuil de 20% de crédibilité ». À condition s’il soit bien formé à l’utilisation de la machine-outil virtuelle.
Quelles possibilités offre l’IA aux avocats, et quelles pratiques peuvent particulièrement y gagner ?
Selon Alain Bensoussan, « la première fonction réside dans la recherche sur la stratégie historique, thématique ou économique du dossier. Mais également sur l’adversaire voire sur son client. Il est également possible de faire de l’analyse. Par exemple en demandant à une IA générative de faire le résumé d’un article ou d’une doctrine et de trouver des argumentaires. Grâce à des outils tels que ChatGPT, l’avocat peut également définir des stratégies et des tactiques en lui donnant une étude de cas à analyser. Enfin, l’IA permet de synthétiser, de résumer et de réaliser des programmes. Notamment de conformité. Cela peut même aller jusqu’au script d’un recrutement ».
En conséquence, l’utilisation d’une IA devra être perçue comme une collaboration entre l’humain et la machine-outil virtuelle. Et non comme étant un danger visant à « remplacer le spécialiste.»
Retrouvez l’intégralité de cette interview : https://www.gazette-du-palais.fr/article/GPL456b3/
(1) Alain Bensoussan, ChatGPT dans le monde du droit : La cobotique juridique, Bruylant, Editions Larcier, 1ère édition 2023. Collection Lexing-Technologies avancées & Droit, décembre 2023.