Faut-il lever l’anonymat sur internet ? C’était le thème de l’émission Estelle midi sur RMC du mercredi 12 janvier 2022 à laquelle participait Alain Bensoussan à l’occasion de l’affaire Camille.
Pour avoir posté une vidéo sur Twitter demandant au footballeur Kylian Mbappé de rester au PSG, Camille, une petite fille de 8 ans atteinte d’une maladie rare a été la cible d’injures de la part d’internaute et notamment de fans du Real Madrid, sa destination supposée.
A cette occasion, Estelle Denis consacrait le mercredi 12 janvier dernier sur RMC son émission Estelle midi à la question de la levée de l’anonymat sur internet.
L’émission était ainsi présentée par la radio :
« Les réseaux sociaux dans ce qu’ils ont de plus obscur. A l’origine, il y a une simple vidéo de l’association « Une sourire pour Camille », une fillette de 8 ans atteinte du syndrome de Vacteri, une maladie congénitale rare. Dans cette vidéo publiée sur Twitter, Camille, fan du PSG, souhaite une bonne année à Kylian Mbappé et lui demande de rester à Paris alors que l’attaquant est pressenti pour s’engager avec le Real Madrid.
Il n’en fallait pas plus pour déchaîner la bêtise de « fans » francophones du Real Madrid : « Chut petite garce », « Ferme la petite tu vas te manger une droite », « Vivement qu’elle fasse une vidéo où elle chiale parce qu’il est parti », ont posté des anonymes via leurs comptes Twitter.
La levée de l’anonymat est légalement possible. Nous avons été nombreux à nous battre pour l’anonymat sur internet. Mais si l’anonymat préserve la liberté d’expression, son pendant est le respect de la dignité de la victime. Or cet équilibre n’est plus garanti dès lors que les hébergeurs ne font plus leur travail d’identification préalable. Selon l’avocat, la solution est à deux niveaux.
D’une part, l’identification doit être systématique.
Invité de l’émission, Alain Bensoussan a rappelé qu’il faut que chaque utilisateur soit effectivement identifié par l’hébergeur qui doit exiger pour chaque ouverture de compte ses coordonnées. Ce qui n’empêche pas un anonymat public, mais responsabilise l’auteur quant aux propos qu’il publie : « Nul ne peut être délateur sans avoir à rendre des comptes ».
L’utilisateur doit sentir cette épée de Damoclès au dessus de sa tête qui l’incite à réfléchir avant d’écrire.
D’autre part, la réaction doit être à la hauteur de l’action.
Selon Alain Bensoussan, « il faut trouver un équilibre entre agression et sanction : la sanction économique doit correspondre à la violence de l’agression et ne pas être seulement symbolique.
De même qu’un équilibre entre liberté et dignité est nécessaire : la liberté d’expression de chacun et la dignité de tous, en particulier celle des victimes ».
De la même façon qu’on est responsable de ses actes, on doit être responsable de ses paroles, qui plus est lorsqu’elles sont écrites.
(début de l’interview à 01:51:37)