La prévention et la couverture des risques sont variables en fonction du secteur d’activité et du niveau d’appétence au risque de l’organisation.
Les exemples choisis ci-après le démontrent. Fin 1989, Perrier qui a fondé sa stratégie de conquête du marché sur l’idée de perfection porté par un slogan publicitaire « It’s Perrier, it’s perfect » dégage 1 244 milliards de francs de bénéfices pour l’exercice 1989. En janvier 1990, un laboratoire de Charlotte en Caroline du Nord aux USA, décèle des traces de benzène (substance cancérigène) dans les bouteilles exportées vers les USA.
En février 1990, Perrier fait la une du New-York Times, le Président de Perrier annonce le retrait des eaux Perrier sur le marché américain. Même si la qualité de l’eau de la source a été mise hors de cause, une erreur humaine ayant été identifiée liée aux non-respects des procédures sanitaires survenue dans une usine de production, le Président de Perrier en février 1990, met en œuvre une stratégie de contre-information et de transparence, afin notamment de stopper la chute du cours des actions en bourse et décide le retrait mondial de toutes les bouteilles. Perrier supportera le coût du retrait évalué à 40 millions de dollars.
En janvier 2008, lors de la publication des résultats de l’exercice 2007, la Société Générale dévoile le risque de marché pris par un de ses opérateurs, résultant de l’accumulation de positions d’achat sur les contrats à terme portant sur un indice (warrants) qui lui aurait été dissimulé par l’introduction dans le système d’information de la Société Générale d’opérations inverses fictives compensant l’accumulation des positions d’achat.
La Société Générale a considéré que les positions d’achat l’exposé sur le marché et a préféré vendre pour 60 milliards d’euros d’options. La Société Générale a enregistré une moins-value nette de 4,9 milliards d’euros pour un bénéfice annuel estimé pour 2007 à 7 milliards d’euros.
En 2008, Toyota devient le premier constructeur mondial devant General Motors et le reste jusqu’en 2010. En 2011, la production de Toyota a fortement baissé à cause d’une rupture de la chaîne d’approvisionnement en pièces détachées. Cette dernière était due à des dommages subis par ses fournisseurs perturbé par des inondations historiques en Thaïlande à la fin de l’été et lors du séisme et du tsunami du 11 mars dans le nord-est du Japon. Par ailleurs, une campagne mondiale de rappels de 8,7 millions de véhicules a eut lieu à cause de divers soucis techniques.
Conséquence de cette série de coups durs et de l’absence de gestion efficace du risque pays, du risque d’approvisionnement en pièces détachées, du risque logistique et transport et plus généralement du risque stratégique, Toyota a perdu en 2011 la place de numéro un mondial qu’il occupait depuis 2008.
En 2009, Intel, premier fabricant mondial de microprocesseurs, est condamnée par la Commission européenne à une sanction pécuniaire s’élevant à la somme de 1 milliard d’euros pour abus de position dominante, sanctionnant l’adoption tardive d’un programme de compliance en matière antitrust.
Le 24 juillet 2012, le rapport du comité d’enquête sur l’accident de Fukushima des stations centrales nucléaires exploitées par la société Tokyo Electric Power Company a été rendu public.
Le comité d’enquête créé le 24 mai 2011 par une décision du Cabinet du Premier ministre avait pour mission de formuler des recommandations, en recherchant les causes de l’accident et les dommages en résultant, sur les mesures visant à prévenir la propagation des dommages causés par l’accident et une récurrence des accidents similaires à l’avenir.
Ce rapport met gravement en cause les falsifications des rapports sur la sûreté des installations pendant une vingtaine d’années et une évaluation non globale des risques et une sous-estimation des risques exogènes et endogènes.
L’ensemble des exemples précités présente des dénominateurs communs :
- les outils ou moyens de prévention, de gestion et de gouvernance des risques étaient inefficaces ou inadaptés ;
- l’absence de mise en place d’un contrôle de conformité ;
- le baromètre des risques de chaque organisation et la perception de ce baromètre est variable en fonction du secteur d’activité et du niveau d’appétence au risque de l’organisation.
Didier Gazagne
Lexing Droit Risques technologiques