Mettre en place un réseau 4G sur la Lune devrait être la première mission lunaire conduite par des acteurs privés.
L’industrie privée ne cesse de repousser les limites du possible en matière spatiale et cette idée qui peut paraître folle ne fait pas exception (1). Elle est le fruit d’un projet dirigé par Part-Time Scientists, une start-up allemande issue du new-space et dont l’objectif est notamment de diminuer le coût de l’exploration spatiale et de démocratiser l’accès à la Lune. L’entreprise s’associe à l’équipementier Nokia, à l’opérateur Vodafone et au constructeur automobile Audi.
Déployer la 4G sur la Lune un retour vers Apollo
Le projet Alina (Autonomous Landing and Navigation Module) « to the Moon » vise à développer un module ayant pour objectif de transporter et débarquer deux rovers Audi lunar quattro sur la Lune. Ces derniers auront pour mission d’explorer le paysage lunaire en quête du rover abandonné par les américains en 1972, dans le cadre de la mission Apollo 17.
Mais le projet ne se limite pas à cette exploration, puisqu’il a vocation à permettre la retransmission en direct vers la Terre des données et images vidéos collectées par les rovers. Pour ce faire, Alina sera conçue pour devenir la première station 4G sur la Lune. Au-delà de sa vocation de relai dans le cadre du projet «to the Moon», le module servira de balise de navigation et de communication pour les futures missions lunaires.
C’est donc une visée de progrès technique qui anime le projet «to the Moon», mais le développement du module Alina est également guidé par la volonté de rendre les activités spatiales plus abordables. En effet, ce dernier est conçu afin d’être compatible avec l’ensemble des principaux lanceurs commerciaux, ce qui permet une large flexibilité ainsi qu’une mise en concurrence de ces acteurs. Par ailleurs l’objectif est de développer le module à l’aide de pièces disponibles sur le marché et non d’en développer de nouvelles, afin de réduire les coûts de production.
Un projet «éclaireur» d’un village lunaire
Les avancées de ce projet participeront, sans conteste, au développement des nouvelles activités envisagées sur la Lune. En effet, de nombreux chantiers sont pensés à travers le monde, par les différentes puissances spatiales, et prévoient des installations durables sur le corps céleste.
Les apports de Part-Time Scientist permettront, notamment, de favoriser le déploiement du village lunaire ambitionné par l’Agence spatiale européenne (2). Ce projet vise à une présence longue durée sur le corps céleste, à y développer des habitations afin, notamment, d’habituer les habitants à vivre dans des conditions plus extrêmes que celles des orbites basses jusqu’alors objet des vols habités. Ce village constituant lui-même un préalable à une exploration et «colonisation plus poussée» de l’espace extra-atmosphérique, et notamment à l’installation de bases sur la planète Mars.
Or, le corollaire du développement des habitations est désormais celui des communications à garantir. La présence d’un réseau 4G faciliterait grandement les échanges avec la Terre, mais également entre les habitants du corps céleste. L’homme est aujourd’hui dépendant de ces technologies et les résidences lunaires ne sont pas concevables sans une telle technologie.
Le développement de la 4G sur la Lune peut pourtant paraître difficile à imaginer, alors même que l’ensemble des lignes des métros parisiens n’est pas couvert par cette technologie. Mais les activités spatiales font rêver les acteurs privés, qui ne manquent pas d’imagination en la matière.
Une participation désormais assurée des acteurs privés
Ce nouveau projet assoit encore davantage la présence des acteurs privés dans l’espace. Il est acquis qu’il faille compter parmi eux pour le développement des futures activités spatiales. Alors que le temps de l’échec des PPP pour le programme européen Galileo n’est pas si loin, l’espace extra-atmosphérique fait l’objet d’un engouement croissant des industriels, dépassant les attentes et ambitions des acteurs publics traditionnels.
Les projets se pensent désormais en commun, associant expansion de l’humanité et développement économique et le déploiement d’un réseau 4G sur la Lune participera incontestablement à la plus grande aventure de l’humanité, la présence durable de l’homme dans l’espace extra-atmosphérique.
Frederic Forster
Johanna Chauvin
Lexing Constructeurs informatique et télécoms
(1) Pour d’autres illustrations, lire notamment « Une voiture en orbite ou la carence du droit de l’espace » post du 23-5-2018, « La chute de la station spatiale chinoise : une descente risquée ? » post du 08-06-2018.
(2) ESA France, Douze mille élèves ont rêvé avec Claudie Haigneré d’un village sur la Lune, communiqué du 4-6-2018.